Quel est le plus gros prédateur d’Australie ?
Top, je suis une espèce qui a dévasté la faune endémique d’Australie. Avec une trentaine d’espèces éteintes à mon actif, mon ombre plane au-dessus de dizaines d’autres mammifères, oiseaux et reptiles. Je suis réputé pour être l’une des espèces les plus invasives et les plus destructrices qui soit. J’ai colonisé en moins de 200 ans le territoire Australien et j’y fais aujourd’hui la loi, au nez et à la barbe des autorités qui souhaitent m’exterminer ! Paisible animal de compagnie, je me suis transformé en véritable monstre capable d’effrayer une population entière. Certains estiment ma population à 20 millions, d’autres à 2 millions, peu importe, je suis l’ennemi public n°1. En vérité, je suis retourné à l’état sauvage car on m’a abandonné. Je me suis multiplié, il a fallu me nourrir, les proies étaient faciles à avoir et aujourd’hui on veut massacrer ma population car je consomme trop. Alors je suis ? Je suis ?
Non, je ne suis pas l’humain, mais bien le chat. Et plus précisément le chat haret Australien ; une sorte de chat sauvage.
Comment un chat peut-il régner sur la faune Australienne ?
Lorsque les colons les ont introduits en Australie à la fin du 18e siècle, ces chats étaient des animaux domestiques. Mais certains les ont laissés dans la nature et ils ont dû vivre par eux-mêmes, redevenant sauvage. Peu à peu, ils se sont répandus sur l’ensemble du territoire Australien, couvrant aujourd’hui 99% de sa surface. Seules quelques îles sont épargnées, ainsi que de rares zones protégées par des clôtures anti-chat. Les espèces endémiques Australiennes n’ayant jamais eu affaire avec ce genre de prédateurs, elles ont disparues les unes après les autres : bandicoot-lapin à queue blanche ou souris sauteuse d’Australie à grandes oreilles, des dizaines d’espèces sont passées à la casserole et se sont éteintes. Des dizaines d’autres sont menacées. Car l’Australie est, avec l’Antarctique, le seul continent à avoir évolué sans chat dans son écosystème et sa faune est incapable de faire face à cette menace, aussi ridicule puisse-t-elle paraître sur d’autres continents.
L’Australie s’apprête à tuer 2 millions de chats. Pour la bonne cause ?
En juillet 2015, les autorités australiennes ont déclaré la guerre aux chats harets. Et leur détermination est sans failles : 2 millions de chats doivent être éliminés d’ici l’année 2020. Si la population Australienne voit ça d’un bon œil, ce n’est pas le cas des associations de préservation des animaux, Brigitte Bardot en tête puisqu’elle a qualifié cette mesure de «génocide animalier inhumain et ridicule ».
Cet objectif correspond à 10% de la population totale de chats sauvages. Or, certains pensent que ce chiffre est bien au-delà de la réalité, puisque des études estiment que cette population ne dépasse pas les 6 millions d’individus. En éliminant 2 millions d’individus, le gouvernement Australien détruirait donc 30% de sa population. Mais ce qui inquiète les autorités, c’est de savoir qu’un si petit nombre de chat est capables de causer autant de dommages…
Le chat serait-il un prédateur encore plus redoutable qu’imaginé ?
Un autre constat inquiétant concerne le fait que la densité de chats est identique à l’intérieur et à l’extérieur des parcs nationaux, ce qui signifie que là où les espèces endémiques australiennes doivent être protégées, elles sont en fait sous la menace du mort de faim.
Alors que faire ? Un génocide de masse ou laisser faire ? Le risque est grand car, à ce rythme, les chats pourraient bientôt ne plus rien avoir à se mettre sous la dent, ce qui signifiera qu'à cause d'eux la biodiversité s’est appauvrie jusqu’à dépérir. Et, au final, les chats aussi mourront car ils auront été incapables de rationner leur nourriture.
Non, il ne s’agit pas là d’une métaphore de la consommation humaine, mais ça y ressemble.
Article de L.F.
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