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EXTRAITS DU LIVRE AUSTRALIAN TOUCH

Roman sur l'australie

Australian Touch est un livre de voyage socio-humoristique sur l'Australie écrit par Léonard Foggia. Il relate le parcours mouvementé d'un jeune français expatrié en Australie dans le cadre du Working Holiday Visa (WHV ou Visa Vacances Travail). Basé sur une histoire vraie, c'est un récit de voyage sur l'Australie qui décrit avec humour un an de WHV au pays des kangourous, avec ses anecdotes croustillantes, ses rencontres improbables, ses péripéties loufoques et son histoire d’amour détonante. Le livre Australian Touch donne également des astuces, conseils et bons plans pour partir en Australie et visiter ses meilleurs endroits, tout en apportant une touche historique pour mieux comprendre le pays.

Découvrez des extraits du roman Australian Touch de Léonard Foggia et achetez votre livre en version papier ou ebook.

 

Chapitre 1

Premiers bonds

(...)

La nuit s’est installée sur la région du New South Wales, lorsque nous quittons l’aéroport. L’air brûlant et moite pénètre mes poumons, je suis pris d’un frisson d’excitation. Dire que 25h auparavant j’étais sous la neige et les températures négatives de l’hiver français ! J’apprécie ce changement brutal de climat que nous avions sous-estimé.

Nous découvrons notre véhicule sept places gris métallisé et fouillons ses moindres recoins en guise d’état des  lieux. Rien à signaler, nous pouvons partir. Seul détail d’importance : le volant se trouve à droite. Ce n’est pas une surprise, mais au moment de savoir qui de nous trois se risquera à conduire à cette heure et au vu de notre état de fatigue, ça compte ! Louis, en responsable de la location, et donc en preneur de risque financier, se désigne conducteur premier. Nous prenons place. Je ferai le copilote.

    - On va où ? demande Timothée.

    - Direction Melbourne ! rappelle Louis. Je ne pense pas qu’à Brisbane on peut prendre un ferry pour la Tasmanie ?

    - OK, mais vers quelle direction ?

Nous échangeons des regards interrogatifs.

(...)

 

Chapitre 1

A la rencontre du diable

(...)

Une rafale disperse soudain le nuage de fumée. Une lumière flamboyante nous éblouit ; celle du brasier qui sévit de l’autre côté de la vallée. La montagne tout entière est en flamme, répandant dans l’air des débris calcinés et une chaleur accablante.

À l’arrêt, nous observons avec frayeur et fascination ce monstre qui dévore tout sur son passage. Le Ranger tape violemment sur le pare-brise :

    - Get away ! Get away ! (Partez ! Partez !)

Je reprends mes esprits et appuie à fond sur l’accélérateur, manquant de lui écraser les pieds.

La fumée tombe à nouveau sur la route accidentée que nous empruntons ; la seule encore ouverte dans les parages, toutes les autres étant bouclées par des barricades. Pare-chocs contre pare-chocs, la descente vers le littoral n’en finit plus.

À l’arrière du véhicule, chemise à fleurs à moitié déboutonnée, Louis continue sa traduction du journal :

    - On est dans la zone la plus touchée par les feux de forêt… Le week-end dernier, la température a frôlé cinquante degrés dans la région ! L’armée est venue épauler les pompiers qui étaient complètement dépassés par l’ampleur des feux.

(...) 

Chapitre 1

L'auberge Australienne

(...)

Je consulte l’horloge de mon ordinateur. Ça fait déjà quatre heures que mes neurones chauffent sans que la moindre phrase ne soit rédigée sur ma page numérique, hormis mes idées, annotées en vrac.

Arnold débarque soudain sur le balcon, une part de cake à la banane à la main :

    - Tu fais quoi beau gosse ?

Je baisse à la hâte l’écran de mon ordinateur pour ne pas le laisser à sa vue :

    - Heu… rien de spécial.

Il est hors de question qu’une personne soit mise dans la confidence de mon projet de roman ! Je dois le maintenir secret coûte que coûte, quitte à mentir au quotidien. Je ne suis pas écrivain et je ne veux répondre à aucune question à propos de cette activité qui doit rester pour l’heure un loisir, une passion, que j’entretiendrai seul et sereinement.

(...)

 

Chapitre 2 

La collocation arc-en-ciel

(...)

Sur Oxford Street, corps et odeurs s’entremêlent dans un brouhaha permanent.

Perdu dans la masse, j’observe mes semblables comme un scientifique étudie la faune africaine. Les hordes de mâles s’affairent à trouver un repère à coloniser, tandis que les groupes de femelles hésitent sur l’emplacement à choisir, sous les assauts répétés de gérants assoiffés de blé.

Parfois, les clans sont mixtes et les tensions sexuelles deviennent exubérantes. J'examine ces gens, figures anonymes croisées au hasard dans l’antre du désir. Un homme et une femme se tiennent la main, deux hommes s’embrassent, trois femmes s’enlacent, un couple caché au loin atteint l’orgasme.

 

Oxford Street, c’est le poumon rouge de Sydney, un quartier multiculturel aux confessions multiples qui affirme son appartenance à la communauté gay et se destine aux noctambules désinhibés demandeurs de plaisirs jamais rassasiés. Plus j’arpente les trottoirs de l’avenue, plus je me surprends à aimer cet endroit. L’énergie qui s’en dégage me donne l’envie insubmersible de me laisser griser. Je tomberai le masque et m’en irai avec ces gens, croquant la pomme et trompant Adam !

(...)

 

Chapitre 3 

Sous les tropiques verdoyants

(...)

La nature dicte ses lois.

Les esprits de Coco et de Bob Marley nous guident au cœur des montagnes verdoyantes. L’eau ruisselle sous nos pieds, s’écoule au compte-gouttes des feuilles et s’évapore de nos corps dénudés. Nous fusionnons avec la terre mère. Chapeaux de paille et bandanas sur la tête, nous avançons torses nus et nous faufilons entre les branches urticantes, les plantes carnivores et autres insectes colossaux. La  peur du crocodile de mer s’éteint au profit d’un amour divin. Trois survivants et leurs idoles dansent avec les lézards et murmurent aux oreilles des casoars.

(...)

 

Chapitre 4 

Opération tempête de sable

(...)

Un craquement de brindilles résonne dans mon dos ! Je cache le portable dans ma poche, croyant à l’arrivée de quelqu’un, et tourne les talons. Personne. Je jette  un coup d’œil tout autour. Personne. J’éteins ma lampe et coupe ma respiration à l’écoute du moindre son. Rien. J’attends ainsi quelques secondes dans la nuit noire. Toujours rien, je peux souffler.

    - Je suis paranoïaque...

Je ressors mon appareil pour relire une énième fois le message puis concentre mon attention sur le visage de la fille.

Un souffle caresse ma nuque…

L’appareil me file entre les doigts.

    - Tu parles à ton moi ? demande Alix.

Blanc. Je rallume ma frontale et me tourne vers elle. Blanc. Elle me fixe longuement. A-t-elle eu le temps de lire le message ? Blanc. Vu son air fâché, oui. Blanc. Ses yeux s’emplissent de sang, elle grelotte. Aucun mot ne sort de ma bouche hormis une onomatopée lourde de sens :

    - Heu…

Elle s’enfuit vers notre campement aussi vite qu’un courant d’air. Bizarrement, je n’essaie pas de la retenir.  Me voici dans de beaux draps.

(...)

Chapitre 2

La vie en blanc

(...)

Les journées infructueuses à arpenter les avenues de la City en quête de travail m’ont obligé à m’y prendre différemment en ciblant tous les commerces, restaurants, boulangeries et hôtels français de mon quartier. Avec le recul, et à ma grande surprise, ces établissements sont souvent gérés par des Australiens ou des asiatiques sentant le bon filon. Il faut dire que la culture française, et plus particulièrement sa gastronomie, possède une cote élevée en Australie. Les locaux sont ici capables de payer des fortunes pour déguster un simple croissant ou un bœuf bourguignon en conserve !

Le potentiel du business à la française est énorme et les entrepreneurs ne s’y trompent pas ; à Sydney les enseignes portant un nom dans la langue de Molière sont légion et ont pignon sur rue. Rien d’étonnant puisque notre cuisine, au même titre que nos modes vestimentaires, bénéficie d’une image haut de gamme que de nombreux consommateurs australiens aiment s’approprier pour parfaire leur propre image.

C’est pourquoi autant d’émissions télévisées,  supports de presse et sites web consacrent des reportages, dossiers et articles à notre savoir-faire. Cette surmédiatisation entretient l’engouement populaire à l’égard de notre pays et consolide un peu plus les stratégies marketing axées sur la marque « France ».

(...) 

Chapitre 3

Entre eux deux

(...)

Alix se réfugie auprès de moi, tremblante et peinant à reprendre sa respiration :

    - J’me chui fait agresser ! s’exclame-t-elle, les joues rouge écarlate.

    - Calme-toi, que se passe-t-il ?

    - C’t’oiseau de malheur, j’ai cru qu’j’allais en manger toute une !

    - Manger quoi ?

    - M’prendre une bonne raclée !

    - De quel oiseau tu parles ?

    - Chui mal prise. Suis-moi, il a pris en otage mon matériel, il faut qu’tu l’chasses !

    - Tu t’es « mal prise » ?

    - Suis-moi tabarnak, ça veut dire que j’ai besoin d’ton aide !

Je ne connaissais pas cette facette d’Alix ; lorsqu’elle est paniquée, son Québécois revient au galop. Pas le temps de cogiter, elle retourne en courant vers son agresseur puis stoppe son effort pour se planquer derrière un bungalow. Elle pointe du doigt le charriot qui lui sert à transporter ses outils et chuchote :

    - Il est derrière c’t’engin.

(...) 

Chapitre 4

Derniers bonds

(...)

La colonisation de l’Australie fut un désastre. Elle s’est faite sans violence notoire, ou plus précisément sans massacre de tribus, mais le résultat est le même qu’aux États-Unis où les peuplades natives vivent dans des réserves. Le gouvernement australien a opté pour le terme « Territoires » pour désigner ces zones, mais le sens est identique ; les Aborigènes sont parqués comme on enferme des animaux dans un zoo. Les plus téméraires qui ont tenté l’aventure occidentale sont désorientés, pauvres, drogués, sans assistance ni encadrement. Seule une infime minorité tire son épingle du jeu. Assimilation des populations ? Non, extermination en douceur.

Je suis triste qu’un pays si enchanteur camoufle un si lourd   fardeau  en   tentant  d’en  tirer  un  profit   financier.

« Consommez la culture aborigène chers touristes, consommez ! Mais fermez les yeux sur la condition de ces êtres primitifs, car ils n’en valent pas la peine ! » J’en ai marre de ce secret de polichinelle gouvernemental et avale cul sec une bouteille de ma potion magique à la santé de cette monstruosité historique ! Un squelette de baleine lévite au-dessus de ma tête. À quand celui d’un Aborigène ?

(...) 

Chapitre 2

Wwoofing, vous avez dit wwoofing ?

(...)

    - On s’fait une boutte ensemble quand tu reviendras du nord et moi d’Alice Springs ?

    - Qu’on fasse une boutte ?

    - Qu’on voyage ensemble.

Mon visage se fige. Je reste muet, la bouche entrouverte. Je ne m’étais jamais imaginé poursuivre mon périple en compagnie d’Alix ! Je ne sais pas quoi répondre.

Elle esquisse un joli sourire. C’est un signe ; de ceux qui ne trompent pas. Elle me veut pour elle et souhaite  que nous partagions des moments forts, ça ne fait aucun doute.

(...)

 

Chapitre 3

Jungle connexion

(...)

Le chef de patrouille termine son breuvage et abandonne son transat. Il ajuste ses lunettes et se tourne vers Alix et moi :

    - Sorry guys, you must leave tomorrow. Next time, be honest as your german colleague. (Désolé les gars, vous devez partir demain. La prochaine fois, soyez aussi honnêtes que votre collègue allemand.)

Le Ranger fait allusion à ce salaud de Markus qui parade auprès de lui en exhibant son attestation.

    - I’m so sorry, I couldn’t negotiate much more time…  (Je suis tellement navré, je ne pouvais pas négocier plus…) déplore Kerry.

    - This is our fault, not yours… (C’est notre faute, pas la tienne…)

Alix pâlit. Je me tourne amèrement vers Markus :

    - Congratulations, you got what you wanted ! (Bravo, t’as obtenu ce que tu voulais !)

 

Nous voici à la rue et presque sans argent. Ça nous apprendra à respecter les lois. La fin de l’hiver tourne au vinaigre pour ma Québécoise et moi.

(...)

 

Chapitre 4

Epilogue

(...)

La phrase d’adieu du héros du film Into the wild me revient en boucle : « Le bonheur n’est vraiment réel que s’il est partagé ». Elle prend vraiment tout son sens après un an d’exil.

Si Sydney me parait si différente aujourd’hui, ce n’est pas seulement parce que je dois la quitter, mais bien parce que manquent à l’appel les personnes qui m’ont accompagné lorsque j’y habitais.

Un voyage, n’est pas simplement propice aux découvertes, au dépaysement et à l’inspiration, mais il favorise aussi, et surtout, de belles rencontres ; chose dont je n’avais absolument pas conscience avant de quitter la France.

Nostalgique, je marche sans but précis, reviens sur mes pas et hésite sur la voie à prendre. Je m’égare. Ma tête est lourde, mon front bouillant. Je suis perdu, ça ne fait aucun doute. Tiraillé entre la tristesse de rentrer et l’excitation de retrouver mes proches, mes neurones surchauffent.

(...)

 

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